Le Contrat d’Engagement Jeune : de quoi parle-t-on concrètement ?

Mis en place en mars 2022 pour succéder à la Garantie Jeunes, le Contrat d’Engagement Jeune (CEJ) s’adresse aux 16-25 ans (29 ans pour les jeunes en situation de handicap) inscrits auprès d’une Mission Locale ou de Pôle Emploi. Son but principal : amener progressivement chaque jeune vers l’autonomie et l’emploi grâce à un parcours intensif et individualisé, mêlant accompagnement, ateliers collectifs et expériences concrètes.

L’enjeu, selon le Ministère du Travail, c’est de proposer au minimum 15 à 20 heures d’activités par semaine sur une durée de 6 à 12 mois (source : Ministère du Travail). Ces activités doivent être variées, adaptées au projet du jeune et conçues comme des “marches” vers la sortie positive : formation, emploi, création d’activité… Mais que recouvre concrètement cette notion d’activités ? Quelles possibilités existent vraiment ? Décryptage.


Les 5 grandes catégories d’activités possibles dans un CEJ

Dans la pratique, le CEJ s’appuie sur une palette d’activités qui vise à outiller le jeune, lui redonner confiance, lui ouvrir des perspectives et l’immerger dans le monde professionnel. Ces actions sont articulées autour de cinq grands axes, selon le référentiel du dispositif :

  1. L’accompagnement individualisé
  2. Les ateliers collectifs
  3. L’expérience professionnelle
  4. La formation et la montée en compétences
  5. L’appui sur le projet de vie et l’accès aux droits

1. L’accompagnement individualisé : la pierre angulaire du parcours

Chaque jeune bénéficie d’un conseiller dédié, qui construit avec lui son parcours. Voici différents exemples d’activités :

  • Entretiens personnalisés de diagnostic, de suivi et de bilan
  • Réalisation d’un “portefeuille de compétences”
  • Elaboration de CV, lettres de motivation, préparation à l’entretien d’embauche
  • Mise en place d’un calendrier d’actions et d’objectifs précis

Cette individualisation permet d’ajuster en continu les objectifs, de lever au fur et à mesure les freins (mobilité, logement, santé, confiance en soi) et d’avancer au rythme adapté.

2. Les ateliers collectifs : développer les "soft skills" et créer une dynamique de groupe

Les activités collectives représentent une part importante du CEJ, car elles permettent, outre l’acquisition de compétences, de rompre l’isolement et de travailler sur les codes professionnels. Parmi les ateliers courants :

  • Ateliers de techniques de recherche d’emploi (TRE)
  • Simulations d’entretien, jeux de rôle, théâtre-forum
  • Rencontres avec des entreprises, visites de structures et forums emploi
  • Ateliers autour de la confiance en soi et de la communication professionnelle
  • Sessions sur la gestion du stress et des émotions

Selon l’enquête de l’Agence Nouvelle des Solidarités Actives (2023), 62% des jeunes citent les ateliers collectifs comme “très utiles” pour reprendre confiance en eux.

3. L’expérience professionnelle : stage, immersion, emploi saisonnier

Le CEJ met l’accent sur l’expérimentation et la confrontation au réel. Plusieurs formats sont encouragés :

  • Périodes de stage en entreprise (PMSMP – Période de Mise en Situation en Milieu Professionnel)
  • Immersions découvertes “Vis ma vie” sur une journée ou une semaine
  • Jobs saisonniers encadrés, missions d’intérim courtes
  • Journées d’observation ou de bénévolat dans des associations locales

Les retours sont clairs : d’après un rapport de France Stratégie (2022), les jeunes passés par une immersion ou un stage ont un taux de sortie vers l’emploi supérieur de 15% au reste du groupe.

4. Formation et montée en compétences : une priorité pour 2 jeunes sur 3

Pour près de 67% des jeunes en CEJ, l’accès à la formation est vu comme le principal tremplin vers l’emploi durable (France Travail). Les possibilités sont nombreuses :

  • Remise à niveau en français, mathématiques et numérique (CléA, PIX, etc.)
  • Préparations à l’entrée dans des parcours qualifiants (CAP, titre professionnel, etc.)
  • Préparations à des concours (sanitaire et social, sécurité, etc.)
  • Formations courtes aux savoir-être professionnels, sécurité, CACES, Sauveteur Secouriste du Travail (SST)
  • Découverte des métiers via des plateformes immersives, e-learning, visites virtuelles

L’accès à ces formations est facilité pour les publics CEJ, avec des partenariats régionaux et souvent une priorité d’accès à certains dispositifs.

5. Soutien au projet de vie et accès aux droits : lever les freins périphériques

Aller vers l’emploi suppose parfois de résoudre des difficultés annexes : logement, santé, mobilité, budget, accès aux soins. Le CEJ permet de proposer :

  • Information et ouverture des droits (aide au permis, mutuelle, aides au logement, etc.)
  • Ateliers sur la gestion budgétaire
  • Accompagnement à la recherche d’un logement ou d’une solution de transport
  • Actions de santé (dépistage, prévention, bilans gratuits, campagne santé mentale)
  • Aide à la confiance en soi et soutien psychologique

Ce “coup de pouce global” est un atout reconnu du CEJ : d’après la Dares, 88% des jeunes apprécient l’accompagnement sur les aspects de la vie quotidienne.


Des activités très concrètes et variées : quelques exemples en Midi-Pyrénées

La diversité du tissu local permet de proposer des activités adaptées à chaque territoire. Exemples repérés :

Activité Objectif Partenaires
Chantiers éducatifs dans l’éco-construction Découverte des métiers du BTP vert, expérience en équipe Collectivités – Entreprises locales
Organisation d’un événement associatif Développer les compétences organisationnelles, travail en équipe Associations – MJC
Ateliers radio ou podcast Prendre la parole, développer l’expression et l’autonomie Structures jeunesse – Radios locales
Challenge mobilité (découverte du vélo électrique, code de la route, mobilité inclusive) Lever le frein du transport Auto-écoles sociales – Collectivités
Visite d’une entreprise innovante à Labège Découvrir des filières émergentes, initier un projet Pépinière d’entreprises

Chaque structure peut s’appuyer sur son réseau pour proposer des activités thématiques, mais l’enjeu central reste d’articuler le parcours au plus proche des attentes du jeune et de l’économie locale.


Quels critères pour choisir ou construire des activités utiles ?

  • Pertinence pour le jeune : l’activité doit répondre à un besoin identifié (motivation, difficultés, projet, méconnaissance des métiers...)
  • Variété et progressivité : équilibrer entre individuel, collectif, formation, expérience terrain
  • Mobilisation du réseau local : favoriser les partenariats avec entreprises, associations, institutions
  • Simplicité d’accès : les activités doivent être gratuites et facilitées (horaires adaptés, transport, etc.)
  • Possibilité d’évaluation : toujours mesurer ce que l’activité apporte (compétences, confiance, information, réseau)

Quels bénéfices observés pour les jeunes en parcours CEJ ?

L’approche multi-activités, intense et personnalisée séduit à la fois par ses résultats et sa capacité à s’adapter aux parcours “non-linéaires” des jeunes :

  • Plus d’entrées en formation qualifiante : en Midi-Pyrénées, +19% en 2023 par rapport à 2021 (source : Missions Locales Occitanie)
  • Insertion professionnelle accélérée : en moyenne, 38% des sorties s’effectuent vers un emploi ou un contrat en alternance (Dares)
  • Développement du réseau : 44% des jeunes déclarent avoir “rencontré au moins un employeur” grâce au CEJ
  • Montée en estime de soi et confiance dans l’avenir, points soulignés par plus de 7 jeunes sur 10 dans les retours d’évaluation

Focus sur des parcours réussis : témoignages en Midi-Pyrénées

Les jeunes eux-mêmes témoignent de l’efficacité de la diversité des activités proposées. À Albi, Samira, 22 ans, affirme que l’alternance entre ateliers collectifs sur le secteur logistique et immersion en entreprise a été “déterminante pour s’orienter vers une formation de magasinier”. À Tarbes, Hugo, 19 ans, a pu “découvrir son goût pour la médiation” via une action de bénévolat. Souvent, ce sont les petites réussites (un CV qui décroche un entretien, une discussion inspirante avec un pro, une victoire sur le code... ) qui catalysent la dynamique d’ensemble.


Pourquoi l’accompagnement et la qualité du projet font la différence

L’un des points clés du CEJ, relevé par le Conseil d’Orientation des Politiques de Jeunesse, demeure la capacité des conseillers et structures à adapter et innover dans le contenu des activités, pour éviter l’effet “catalogue” ou les solutions trop formatées. Là où les jeunes accrochent, c’est quand le parcours est sur-mesure, quand on propose de vraies expériences, qu’on construit un projet autour de leurs talents et de leurs envies, et qu’on leur donne voix au chapitre pour les activités qu’ils souhaitent essayer.


Pour aller plus loin : comment s’informer ou s’inscrire dans la région ?

  • Contacter sa Mission Locale de secteur (annuaire sur le site national)
  • Faire une demande d’accompagnement via France Travail (site France Travail)
  • Participer aux réunions d’information organisées régulièrement dans les Maisons de Région ou via les partenaires d’insertion

Chaque situation est unique, et les possibilités d’activités dans un CEJ sont bien plus larges et flexibles qu’il n’y paraît. La volonté de la région Midi-Pyrénées, soutenue par le réseau local, est d’innover toujours dans l’accompagnement et la mise en contact avec le monde professionnel. À chacun de construire pas à pas le chemin qui lui convient, accompagné et soutenu à chaque étape.


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