Le Contrat d’Engagement Jeune : une boussole pour se repérer

Depuis son lancement en mars 2022, le Contrat d’Engagement Jeune (CEJ) s’impose comme le principal tremplin proposé aux jeunes de 16 à 25 ans (jusqu’à 29 ans en situation de handicap) les plus éloignés de l’emploi (source : ministère du Travail, 2023). Plus de 400 000 jeunes se sont engagés dans ce parcours fin 2023. Le CEJ se fonde sur la co-construction d’un projet professionnel : ce dernier n’est ni une formalité, ni une feuille de route figée. C’est un processus dynamique pour dresser un cap personnalisé.

L’objectif ? Éclairer et structurer la trajectoire vers l’emploi ou la formation, selon les réalités, les aspirations et les potentiels du jeune. Contrairement à certains dispositifs antérieurs, on ne demande pas de savoir « ce que tu veux faire plus tard » dès la première rencontre. Le projet professionnel se construit, brique par brique, accompagné par un conseiller Mission Locale ou Pôle emploi spécifiquement formé au CEJ.


Le projet professionnel, un chantier en trois étapes

La construction du projet professionnel dans le CEJ se décline en grandes étapes, toujours personnalisées, mais suivant une logique qui s’est structurée avec l’expérience de terrain et les retours-jeunes :

  • 1. Faire émerger : mieux se connaître, explorer ses possibles
  • 2. Se confronter : tester les hypothèses, passer à l’action
  • 3. Consolider : formaliser, affiner, préparer le passage à l’emploi ou la formation

Regardons comment cela se précise dans le déroulé du CEJ.

1 – Faire émerger : l’introspection active

À l’entrée du CEJ, beaucoup de jeunes n’ont pas de projet construit — c’est même la majorité. L’accompagnement démarre donc par l’exploration de :

  • Le parcours personnel et scolaire : quelles compétences ont été acquises (même hors cadre scolaire), quelles sont les réussites oubliées ?
  • Les envies, les centres d’intérêts : à travers des ateliers collectifs, des questionnaires d’auto-positionnement, des échanges individuels.
  • Les freins, les leviers : mobilité, santé, confiance en soi, logement… parce qu’un projet tient aussi à l’équilibre de la vie quotidienne.

Des outils comme la fiche de positionnement CEJ ou différents tests d’orientation (par exemple ceux de l’ONISEP ou de Parcours Métiers) sont mobilisés à cette étape. Selon la DARES, 72% des jeunes en CEJ identifient au moins deux pistes professionnelles dans les deux premiers mois (DARES, 2023).

2 – Se confronter : le projet testé dans la vraie vie

Une fois des pistes définies, il s’agit de les tester par l’expérience. Contrairement à d’autres parcours, le CEJ en fait un axe clé :

  • Stages immersifs courts (PMSMP, journées en entreprise, découverte des métiers via des immersions)
  • Rencontres avec des professionnels (forums locaux, rencontres organisées par la Mission Locale, témoignages)
  • Visites et ateliers métiers (organisés notamment avec des partenaires comme l’UIMM ou des CFA locaux)

Ces expériences « terrain » sont des accélérateurs : elles lèvent des doutes, confrontent aux réalités du métier, suscitent parfois de nouvelles envies. Les retours d’expérience sont systématiquement travaillés avec le conseiller référent pour affiner ou infléchir le projet.

3 – Consolider : formuler un projet réaliste et réalisable

La dernière étape consiste à transformer la piste validée en un véritable projet opérationnel. Plusieurs axes sont alors travaillés :

  • L’information sur les débouchés et les recrutements, avec l’appui de sites comme Orientation pour tous, Pôle emploi ou le CARIF OREF Midi-Pyrénées.
  • L’identification des formations nécessaires (alternance, remise à niveau, prépa-apprentissage…)
  • L’adaptation du projet aux réalités locales : chaque territoire, chaque bassin d’emploi a ses spécificités (par exemple, métiers du transport et de la logistique très porteurs en Tarn-et-Garonne ; forte demande dans le médico-social à Tarbes…)
  • L’élaboration du plan d’action : CV, candidatures, préparation à l’entretien, levée des derniers freins (accès à la mobilité, aides au permis…).

Selon les chiffres du ministère, à la sortie du CEJ (décembre 2023), 56 % des jeunes engagés ont construit un projet professionnel jugé « concret et réaliste » par leur référent (Ministère du Travail).


Le rôle du conseiller référent : à la croisée de l’écoute et de l’expertise

L’accompagnement du projet professionnel dans le CEJ ne se résume pas à un suivi administratif. La relation avec le conseiller référent est centrale : c’est à la fois un passeur d’informations, un coach, et un facilitateur de démarches.

  • Un accompagnement de proximité : chaque jeune bénéficie d’un.e référent.e unique, qui assure la cohérence du parcours à toutes les étapes.
  • Un lien renforcé : jusqu’à 15 à 20 rendez-vous en présentiel ou distanciel sur les 6 à 12 mois d’accompagnement ; des bilans tous les deux mois pour ajuster le projet.
  • Une attention à la progression et à l’autonomie : l’objectif n’est pas que le jeune devienne dépendant de la structure, mais qu’il acquière une réelle capacité à se projeter, à s’informer, à agir par lui-même.

L’approche collaborative (pairs, ateliers de groupe, coaching croisé) est également mobilisée, valorisant la co-construction entre jeunes ayant des profils et des besoins différents. Selon l’UNML, l'accompagnement individuel intensif est un facteur déterminant dans la réussite du projet professionnel (UNML, 2023).


Des outils concrets au service du projet professionnel 

Le CEJ mobilise tout un panel d’outils concrets pour rendre le projet professionnel vivant et accessible :

  • Le portefeuille de compétences : formalise le parcours et valorise les acquis (y compris issus du bénévolat, du sport, etc.)
  • La cartographie des métiers : visualisation des secteurs qui recrutent localement, fiches métiers détaillées (Cléor par exemple)
  • L'accès aux simulateurs métiers : immersion virtuelle, vidéos métier, quiz pour valider ou infirmer une idée (notamment via Parcouréo ou la plateforme DigiSchool)
  • Des ateliers collectifs et événements employeurs : job dating, journées portes ouvertes, sensibilisation à l’entrepreneuriat.
  • Des modules de coaching soft skills : gestion du stress, confiance, communication…

Les plateformes utilisées et l’offre d’ateliers diffèrent selon les Missions Locales, mais la logique reste la même : permettre des allers-retours rapides entre les idées et leur vérification sur le terrain.


Le projet professionnel face à la réalité : limites et évolutions du dispositif

Il serait illusoire de croire qu’un projet professionnel, même accompagné, est un long fleuve tranquille. Plusieurs difficultés sont fréquemment rencontrées :

  • L’absence de projet initial : Près de 2/3 des jeunes accueillis n’ont pas d’idée précise à leur arrivée (Chiffres Mission Locale Occitanie, 2023).
  • Des freins périphériques persistants : logement, mobilité, décrochage, santé mentale… qui ralentissent la formalisation du projet.
  • Une difficulté à se projeter : la méconnaissance du monde du travail et le manque d’exemples concrets restent une barrière importante.
  • Un besoin d’adaptation constante : certains jeunes modifient leur projet en cours de route ; le dispositif le permet, mais nécessite flexibilité et accès à un réseau de partenaires.

Pour répondre à ces défis, des actions innovantes émergent localement : mentorat reversé par des anciens bénéficiaires, immersion dans des secteurs en tension (par exemple l’industrie aéronautique en Haute-Garonne), ouverture sur l’apprentissage et la mobilité européenne (Erasmus+ Mobilité court terme). L’actualisation régulière de l’offre d’emploi et de formation, en lien avec les bassins d’emploi de Midi-Pyrénées, est aussi un gage d’efficacité.


Pour aller plus loin : ressources locales et exemples inspirants

Ressource Utilité
Mission Locale Accompagnement de proximité sur toutes les étapes du projet pro
Maison de l’Emploi Toulouse Ateliers, événements recrutement, orientation sur le bassin toulousain
Oriane ou Cléor Outils pour explorer les métiers et les secteurs d’avenir
Site gouvernement CEJ Présentation détaillée et FAQ sur le dispositif

Des initiatives inspirantes ? Par exemple, le parrainage métier dans le cadre du CEJ : à Rodez, une entreprise du bâtiment accueille chaque mois plusieurs jeunes en immersion, ce qui a permis en 2023 à 49 % d’entre eux de signer un contrat (données Mission Locale Aveyron).


Repères pour s’engager dans la démarche CEJ

  • L’entrée dans le CEJ ne suppose pas d’avoir un projet “clé en main”. Le dispositif est conçu justement pour le co-construire étape par étape, et s’adapter au parcours.
  • L’exploration de plusieurs pistes est encouragée, personne ne vous demandera de choisir “pour la vie”.
  • Les outils sont nombreux, mais l’expérience terrain reste décisive : chaque immersion, chaque rencontre nourrit la réflexion.
  • Le rôle du conseiller référent est central, ne pas hésiter à solliciter son réseau et à réclamer des ateliers ou expériences plus ciblées.

Dans un contexte où la transition vers l’emploi est tout sauf linéaire, le CEJ donne accès à une méthode structurée et réactive pour définir son projet professionnel, le valider sur le terrain et s’outiller concrètement pour avancer. Ce cadre, souple et exigeant à la fois, permet à chacun d’avancer à son rythme, tout en profitant, en Midi-Pyrénées, d’un écosystème de partenaires et d’acteurs engagés : professionnels, employeurs locaux, structures de formation, réseaux associatifs.

Pour en savoir plus sur le CEJ, ou trouver l’acteur local le plus adapté à vos besoins, il est conseillé de prendre contact avec la Mission Locale la plus proche, ou de consulter le portail jeunes.gouv.fr.


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