Le PACEA, c’est quoi exactement ?

Le PACEA, ou Parcours d’Accompagnement Contractualisé vers l’Emploi et l’Autonomie, est le cadre principal d’accompagnement individuel proposé par les Missions Locales pour tous les jeunes de 16 à 25 ans (étendu jusqu’à 29 ans pour les jeunes en situation de handicap reconnu). Créé par la loi Travail de 2016 (source : Legifrance), il vise à remplacer les anciens CIVIS et SIAE pour proposer un accompagnement souple, personnalisable et évolutif, couvrant aussi bien la recherche d’emploi, l’accès à la formation que la levée de freins sociaux (santé, logement, mobilité…).

Concrètement, il s’agit d’un contrat écrit, signé entre le jeune et sa Mission Locale, qui permet de bénéficier d’un suivi régulier par un conseiller référent dédié, de construire des projets adaptés et de mobiliser des moyens pour les réaliser.


Qui peut bénéficier d’un PACEA ?

Le parcours PACEA s’adresse à un public large, sans condition de diplôme ou de ressources. Les conditions sont :

  • Avoir entre 16 et 25 ans révolus (et jusqu’à 29 ans si le jeune bénéficie d’une reconnaissance de handicap)
  • Résider en France
  • Être volontaire pour s’engager dans la démarche et signer un contrat avec la Mission Locale

Il n’est pas obligatoire d’être inscrit à Pôle emploi, ni être sans diplôme. Les jeunes en emploi précaire, en formation interrompue, ou même bacheliers en reconversion peuvent, s’ils en expriment le besoin, demander à rentrer dans un PACEA.

Il peut fonctionner en complément d’autres accompagnements (allocations, suivi à l’université, etc.), ce qui en fait une porte d’entrée privilégiée pour de nombreux profils.


Comment se déroule un accompagnement PACEA ?

Étape 1 : le diagnostic initial

Le parcours démarre systématiquement par un diagnostic initial : il s’agit d’un entretien approfondi avec le conseiller référent de la Mission Locale. Ce temps permet :

  • D’analyser la situation sociale et professionnelle du jeune (niveau de qualification, expérience, situation familiale…)
  • D’identifier les besoins prioritaires, les envies et les freins (mobilité, logement, santé, confiance en soi…)
  • De poser les bases d’un premier projet, qui pourra évoluer ensuite

Tout commence donc par l’écoute et l’analyse, afin d’éviter de proposer des dispositifs « standard » mais plutôt un accompagnement réellement utile et sur-mesure.

Étape 2 : la signature du PACEA

Le jeune s’engage via un contrat écrit, qui fixe à la fois les objectifs, la durée initiale et les engagements de chaque partie (voir plus bas).

Étape 3 : la phase d’accompagnement

L’accompagnement se déroule par phases renouvelables de 6 mois maximum, et peut intégrer :

  • Des ateliers collectifs (recherche de stage, simulation d’entretien, etc.)
  • Des entretiens individualisés réguliers
  • Des mises en relation avec des professionnels, organismes de formation, services sociaux
  • L’élaboration ou l’affinement du projet professionnel
  • La mobilisation d’aides, de financements pour la mobilité, le permis, le matériel, etc.

À chaque renouvellement de phase, une évaluation est réalisée avec le conseiller pour adapter le parcours et mesurer les progrès.

Étape 4 : la sortie du dispositif

Une fois que les objectifs sont atteints (emploi durable, formation, projet validé…), ou si le jeune souhaite arrêter, le contrat se termine officiellement. Tout cela se passe à travers un entretien de bilan et peut donner lieu à une orientation vers d’autres dispositifs si besoin.


Quels engagements sont prévus dans le contrat PACEA ?

Le contrat PACEA n’est pas qu’un accord moral : il établit des engagements réciproques, précis et contractualisés :

  • Pour le jeune : s’impliquer activement dans les démarches, respecter les rendez-vous, réaliser les actions prévues.
  • Pour la Mission Locale : assurer un suivi régulier, proposer des actions pertinentes, informer des droits et des aides, mobiliser les réseaux partenaires.

Ces engagements sont revus à chaque bilan (au moins tous les 6 mois), ce qui permet de s’adapter à l’évolution des besoins.


Pacea et Contrat d’Engagement Jeune : quelles différences ?

Beaucoup de jeunes hésitent : dois-je signer un PACEA, ou puis-je bénéficier d’un Contrat d’Engagement Jeune (CEJ) ?

La différence essentielle réside dans la nature et l’intensité de l’accompagnement :

  • Le PACEA est universel et souple : il concerne tous les jeunes et peut prendre des formes très variées, sans obligation de rythme ni nombre d’heures hebdomadaires. Il est aussi accessible à ceux qui travaillent à temps partiel ou qui ont déjà débuté une formation.
  • Le CEJ, lancé en 2022, cible les jeunes « sans solutions », particulièrement éloignés de l’emploi, et impose un engagement de 15 à 20 heures d’activités minimum chaque semaine (source : Ministère du Travail). Il ouvre droit à une allocation spécifique pour les plus en difficulté.

Certains jeunes débutent donc par un PACEA, puis basculent en CEJ si leur situation répond aux critères (notamment absence d’emploi et de formation). Il est possible de passer de l’un à l’autre selon l’évolution, grâce au diagnostic partagé avec le conseiller.


Le PACEA donne-t-il droit à une aide financière ?

Le PACEA n’ouvre pas automatiquement droit à une allocation, mais il existe une aide financière ponctuelle et modulable appelée « allocation PACEA ». Elle peut être attribuée dans certaines situations, par exemple :

  • Besoin d’aide pour financer la mobilité (permis de conduire, titre de transport…)
  • Achat de matériel pour une formation ou un stage
  • Soutien financier provisoire lors d’une phase de recherche d’emploi ou d’attente d’une première paye
  • Difficultés sociales fortes (rupture familiale, difficultés de logement…)

Cette allocation, indexée sur le RSA socle, varie selon la situation et après examen par la Mission Locale. En 2023, elle est plafonnée à 497,50 € par mois et ne peut dépasser 1 800 € sur l’ensemble du parcours (source : UNML, Union Nationale des Missions Locales). L’attribution et le montant sont décidés lors des bilans de phase.


Formation, emploi, cumul : quelles possibilités ?

L’une des grandes forces du PACEA, c’est sa compatibilité avec presque toutes les situations : un jeune peut tout à fait :

  • Entrer en formation pendant son parcours et continuer à être suivi, avec adaptation des rendez-vous
  • Prendre un emploi (CDD, intérim, temps partiel…), tout en conservant un accompagnement dans la durée
  • Mobiliser différentes aides entre temps (par exemple : prime d’activité, aide à la mobilité Parcoursup, etc.)

Le PACEA ne se substitue pas aux dispositifs de formation (contrat d’apprentissage, services civiques…), mais permet de « garder la main » avec un conseiller de confiance et de ne pas perdre l’accès à un réseau d’aides.


Peut-on rompre ou modifier un PACEA ?

Le PACEA n’est ni obligatoire ni irréversible. Plusieurs cas de figure existent :

  • Le jeune souhaite sortir du dispositif (emploi trouvé, projet validé, besoin d’une pause, etc.) : il en informe son conseiller et un entretien de bilan est réalisé
  • Le conseiller estime que le PACEA n’est plus adapté (ex : passage en CEJ ou en Garantie Jeunes, arrêt du suivi à la demande du jeune…)
  • Changement de projet, de rythme, de besoins : une modification du contrat est possible à chaque étape, par simple avenant

La souplesse du dispositif est l’un de ses atouts. Il est même recommandé d’ajuster les objectifs si la situation évolue, sans attendre la fin d’une phase de 6 mois.


Le rôle clé du conseiller référent

Chaque jeune en PACEA bénéficie d’un conseiller référent « attitré », qui ne change pas sauf exception (mutation, absence longue…). Ce professionnel suit l’ensemble du parcours, coordonne les actions, mobilise les partenaires, anime les bilans et veille à ce que les engagements soient tenus des deux côtés.

Il intervient aussi comme médiateur en cas de difficultés (démotivation, besoin d’un arrangement sur les rendez-vous, résolution de problèmes sociaux…). Il propose ponctuellement l’intervention de collègues spécialisés (logement, santé, justice…) si besoin. Selon les chiffres du Ministère du Travail (source), près de 450 000 jeunes ont ouvert un PACEA en 2022, preuve de l’ancrage de ce dispositif au quotidien dans l’accompagnement.


Combien de temps peut durer un parcours PACEA ?

La durée du PACEA est variable, en moyenne de 12 à 18 mois, mais peut aller jusqu’à 24 mois si nécessaire. Elle dépend des besoins, du rythme et des bilans effectués tous les 6 mois maximum.

Le parcours n’est pas linéaire : certains jeunes avancent très vite, d’autres ont besoin de souffler ou d’explorer plusieurs pistes, parfois avec des interruptions : le dispositif s’ajuste autant que nécessaire.


Le diagnostic initial : à quoi sert-il vraiment ?

L’entretien diagnostic, première étape du PACEA, est bien plus qu’une simple formalité. Il permet :

  • D’objectiver la situation du jeune, au-delà des apparences et des préjugés : difficulté scolaire, mais bonne expérience informelle ; précarité de logement, mais famille soutenante…
  • D’inviter à une auto-analyse, pour que le jeune s’exprime sur ce qu’il souhaite vraiment
  • De choisir les dispositifs adéquats : atelier spécifique, bilan de compétence, orientation vers des centres d’hébergement…

Ce diagnostic garantit que l’accompagnement qui suit ne sera pas « hors sujet », et pourra évoluer au fur et à mesure des entretiens.


Quels types de projets sont construits en PACEA ?

Le panel de projets accompagnés est extrêmement varié. Exemples très concrets, rencontrés dans le réseau des Missions Locales :

  • Préparation à un concours du secteur public (Éducateur, Auxiliaire puéricultrice…)
  • Construction d’un dossier d’apprentissage dans l’artisanat ou l’industrie
  • Organisation d’une mobilité à l’étranger avec Erasmus+
  • Accompagnement à la création d’entreprise (micro-entreprise, auto-entrepreneuriat…)
  • Relance d’un parcours scolaire interrompu (retour en CAP, DAEU, formation professionnelle…)

Il n’existe pas de modèle unique : chaque jeune construit son PACEA à sa mesure, qu’il s’agisse de viser un emploi durable, une formation, ou de prendre le temps d’un « sas » social avant de se relancer.


Sortir du PACEA : quelles suites et quelles passerelles ?

Au terme du parcours, plusieurs issues sont possibles :

  • Accès à un emploi stable (CDI, CDD long, alternance…)
  • Entrée réussie en formation (école, université, centre de formation, alternance…)
  • Pauses ou interruptions volontaires : le jeune peut revenir plus tard si besoin
  • Orientation vers d’autres dispositifs : Garantie jeunes, CEJ, service civique, accompagnement par d’autres associations spécialisées (logement, justice jeunesse…)

Le jeune conserve un lien avec sa Mission Locale, qui peut rester un appui ponctuel en cas de besoin futur.


Pourquoi le PACEA fait bouger les lignes vers l’autonomie ?

Le PACEA n’est pas un simple « dossier administratif ». Il place le jeune au centre de son projet, lui redonne un rôle actif, lui offre un espace – souvent unique – pour poser des questions, se tromper, rebondir, avec un professionnel à l’écoute et un réseau à mobiliser.

Selon l’INJEP (Institut National de la Jeunesse et de l’Éducation Populaire), ce sont près de 2 jeunes sur 3 en PACEA qui accèdent à un emploi ou une formation dans les 6 mois suivant leur sortie, preuve de la dynamique enclenchée.

Dans une région comme Midi-Pyrénées, très rurale et marquée par la mobilité, ce dispositif réduit la fracture d’accès à l’information et permet à chacun de « reprendre la main » sur son parcours. Le PACEA s’inscrit ainsi parmi les vrais accélérateurs d’autonomie pour la jeunesse.


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