Comprendre les bases : deux dispositifs majeurs pour les jeunes

Entre la multiplication des aides à la jeunesse et la complexité des dispositifs d’insertion, il n’est pas toujours facile de s’y retrouver. Le PACEA (parcours contractualisé d’accompagnement vers l’emploi et l’autonomie) et le Contrat d’Engagement Jeune (CEJ) sont aujourd’hui deux leviers essentiels pour permettre aux jeunes de franchir le cap de l’insertion professionnelle. Mais comment s’articulent-ils, à qui s’adressent-ils et, surtout, quelles sont les vraies différences concrètes ? Voici un tour d’horizon sans détours.


Définitions et objectifs : PACEA vs Contrat d’Engagement Jeune

  • Le PACEA : instauré par la loi du 1er janvier 2017 (Loi Egalité et Citoyenneté), il s’agit du cadre contractuel de référence pour l’accompagnement personnalisé des jeunes de 16 à 25 ans (jusqu’à 29 ans pour les jeunes en situation de handicap). Il s’adresse à tous, quels que soient le niveau de qualification, la situation sociale ou les difficultés rencontrées.
  • Le Contrat d’Engagement Jeune (CEJ) : lancé en mars 2022, il cible spécifiquement les jeunes les plus éloignés de l’emploi, sans formation ni emploi durable, et qui nécessitent un accompagnement intensif et renforcé. Il remplace progressivement le parcours Garantie Jeunes.

Le PACEA est donc le socle commun de l’accompagnement dans les Missions Locales, tandis que le CEJ correspond à une rampe d’accélération pour les jeunes les plus en difficulté, avec des obligations et des moyens renforcés.


Publics concernés et conditions d’accès

Dispositif Éligibilité Portage
PACEA
  • Jeunes de 16 à 25 ans révolus
  • Jusqu’à 29 ans pour les RQTH (Reconnaissance Travailleur Handicapé)
  • Sans condition de ressources ni de situation
Missions Locales
Contrat d’Engagement Jeune
  • 16 à 25 ans, jusqu’à 29 ans pour les RQTH
  • Ni en emploi, ni en formation, ni en études
  • Déclarés disponibles à temps plein
  • En grande difficulté d’accès à l’emploi (critères d’éloignement, rupture, etc.)
Missions Locales et Pôle emploi

Fonctionnement du PACEA : une feuille de route modulable

Le PACEA consiste en la co-construction d’un parcours d’insertion et d’accès à l’autonomie, reposant sur des objectifs clairs fixés avec le conseiller référent. Voici ses principes-clés :

  • Un diagnostic initial pour cerner la situation du jeune, ses besoins (emploi, formation, logement, santé, mobilité, etc.), ses forces et ses freins.
  • Un accompagnement individualisé qui peut durer jusqu’à 24 mois, avec possibilité d’interruptions ou de ruptures selon les évènements de vie.
  • Une succession de phases d’action, d’une durée négociée, alternant ateliers, entretiens, suivis, actions concrètes (aide à la recherche d’emploi, orientation, accès aux droits,…).
  • Possibilité d’une aide financière modulable (allocation PACEA, sous conditions), rarement versée en pratique (ex : urgence sociale, absence de tout revenu, démarches actives avérées).

Le PACEA donne une latitude importante, laissant le choix du rythme (suivi tous les 15 jours ou tous les mois) et la possibilité de solliciter différentes ressources selon les besoins. C’est le dispositif le plus souple du secteur insertion jeunesse. En 2023, d’après le Rapport national de l’UNML, environ 850 000 jeunes étaient suivis sous PACEA dans les Missions Locales (UNML).


Fonctionnement du Contrat d’Engagement Jeune : l’intensité en plus

Le CEJ va beaucoup plus loin qu’un PACEA standard. Il s’agit d’un véritable contrat, qui engage le bénéficiaire sur la durée, avec des droits et des devoirs réciproques, balisés par une charte d’engagements :

  • Accompagnement intensif : minimum de 15 à 20 heures d’activités hebdomadaires (ateliers, stages, immersions, formations courtes, coaching emploi…)
  • Durée : jusqu’à 12 mois, renouvelable 6 mois selon certaines situations spécifiques (près de 80% des parcours s’achèvent en moins d’un an, source : DARES 2023)
  • Allocation mensuelle jusqu’à 528 € (montant 2024), versée sous conditions de ressources et sous réserve du respect des engagements
  • Obligation d’assiduité : absences injustifiées ou refus d’activité peuvent entraîner une suspension des droits ou une sortie du dispositif
  • Mises en situation professionnelles systématiques (stages, missions d’intérim, services civiques, etc.) favorisent l’accès rapide au marché du travail

Depuis son lancement, le CEJ a bénéficié à plus de 360 000 jeunes au niveau national sur la seule année 2023 (Ministère du Travail), soit environ un tiers des jeunes suivis globalement en PACEA. Plus d’un quart des bénéficiaires accèdent à un emploi stable ou à une formation diplômante à la sortie du contrat.


Les différences majeures : synthèse pratique

  • Intensité de l’accompagnement : Le PACEA offre un suivi au rythme du jeune ; le CEJ impose un agenda précis, avec un minimum d’immersion chaque semaine et une exigence élevée d’engagement.
  • Public ciblé : Le PACEA est universel ; le CEJ s’adresse aux plus à risque d’exclusion - multi-freins, décrochage, ruptures multiples.
  • Aide financière : Le CEJ garantit un droit à allocation, sous conditions ; le PACEA n’accorde qu’une aide exceptionnelle et ponctuelle, rarement attribuée (moins de 5% des jeunes suivis perçoivent une allocation PACEA en Midi-Pyrénées, source : Missions Locales Occitanie).
  • Sanctions et devoirs : Le non-respect du CEJ entraîne une suspension ; le PACEA est beaucoup moins contraignant : il invite plus qu’il ne cadre.
  • Modalités d’entrée/sortie : Le PACEA se module en fonction des événements de vie. Le CEJ implique de tenir la distance et d’aller jusqu’au bout, sauf solution trouvée avant le terme.

Retour terrain : quel impact pour les jeunes en région Midi-Pyrénées ?

Issus des dernières remontées de terrain des Missions Locales d’Occitanie (source : Fédération régionale des Missions Locales Occitanie, rapport 2023) :

  • Les jeunes accompagnés en CEJ mettent en moyenne 8 mois à accéder à un emploi ou à une solution qualifiante.
  • Près de 30 % des bénéficiaires du CEJ sont logés en QPV (Quartiers Prioritaires de la Ville), contre 18 % en PACEA classique, soulignant le ciblage social renforcé du dispositif.
  • Le décrochage est relativement faible en CEJ (environ 12 % d’abandon sur la durée d’un an), principalement motivé par l’obtention anticipée d’un emploi plutôt que par une rupture.
  • En PACEA, les jeunes trouvent plus de souplesse pour organiser des périodes de pause (mobilité internationale, engagement associatif, maladie), ce qui n’est pas ou peu possible en CEJ.

De nombreux conseillers constatent que le CEJ convient parfaitement aux jeunes prêts à "sauter le pas" vers l’emploi ou la formation, tandis que le PACEA apporte un appui de fond à ceux préférant avancer à leur rythme, sans pression trop forte.


Quelques anecdotes et réponses aux idées reçues

  • Le PACEA, c’est pour traîner ? Faux. Beaucoup de jeunes croient à tort que le PACEA n’offre que des rendez-vous égrenés et peu engageants. Mais des parcours rapides et très efficaces sont possibles dès lors que l’on fixe des étapes régulières.
  • Le CEJ, c’est à prendre ou à laisser ? Pas toujours. Il arrive que certains jeunes, orientés à tort vers le CEJ, le vivent comme une contrainte et décrochent. D’où l’importance d’un diagnostic initial sérieux pour éviter une mauvaise orientation.
  • L’allocation du CEJ, c’est automatique ? Non. Elle dépend précisément des ressources du jeune et de sa famille. Ainsi, un jeune vivant chez des parents aux revenus supérieurs aux seuils (ex : RSA) n’y a pas droit, même s’il s’engage intensément.
  • Sortie prématurée = échec ? Non plus. Près de la moitié des jeunes qui interrompent leur CEJ le font pour cause d’embauche ou de reprise d’études. Les ruptures subies (démotivation, découragement) restent minoritaires (moins de 5%).

Comment choisir son parcours : conseils pratiques

  • Évaluez votre niveau d’engagement et de disponibilité. Le CEJ demande un investissement hebdomadaire fort ; le PACEA est plus malléable.
  • Discutez franchement avec votre conseiller en Mission Locale ou à Pôle emploi : expliquez vos freins, votre motivation, votre situation familiale, vos contraintes.
  • Pour les jeunes ayant déjà entamé une démarche dans le PACEA, le passage vers le CEJ reste possible si la situation l’exige (perte d’emploi, difficulté accrue, souhait d’accélérer son insertion).
  • N’hésitez pas à rencontrer d’anciens bénéficiaires des deux dispositifs : forums, groupes Facebook locaux, réseaux d’entraide, etc.

À noter : Depuis la réforme de l’insertion par l’activité économique en 2024, certains jeunes en insertion peuvent aussi prétendre à un accompagnement mixte CEJ + IAE, notamment autour des chantiers d’insertion (source : DGEFP).


À retenir pour avancer

Le PACEA et le Contrat d’Engagement Jeune partagent l’ambition d’accompagner chaque jeune, mais pas à la même vitesse ni selon les mêmes règles du jeu. Pour les jeunes prêts à s’investir à fond, le CEJ est un vrai tremplin, avec des droits concrets et un effet accélérateur. Pour ceux qui ont besoin de poser les bases de leur projet, le PACEA permet de construire chaque étape à son rythme, avec la possibilité d’intensifier son engagement si nécessaire par la suite.

Quel que soit le dispositif choisi, le plus important reste de ne pas rester seul face aux difficultés. Les Missions Locales, présentes dans toute la région Midi-Pyrénées, restent la porte d’entrée principale pour bâtir un plan d’action sur mesure, s’informer sur les évolutions réglementaires et bénéficier d’un accompagnement adapté.

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