PACEA : Genèse et rôle dans le parcours d’insertion des jeunes

Le PACEA a été instauré par la loi n° 2016-1088 du 8 août 2016 relative au travail, à la modernisation du dialogue social et à la sécurisation des parcours professionnels. Il est entré officiellement en vigueur le 1er janvier 2017. L’ambition principale : offrir à chaque jeune sortant du système scolaire et en difficulté face à l’insertion professionnelle un accompagnement sur-mesure, modulable en fonction de ses besoins et de ses projets.

Selon les chiffres du ministère du Travail, plus de 580 000 jeunes étaient entrés en PACEA en 2022, soit plus de 50 % des jeunes accompagnés par le réseau des Missions Locales cette année-là (Ministère du Travail). Le contrat PACEA constitue ainsi, aujourd’hui, la porte d’entrée quasi-systématique vers les parcours d’insertion sociale, professionnelle et d’autonomisation.


Le contrat PACEA : pourquoi un engagement réciproque ?

Le terme “contrat” interpelle : le PACEA n’est pas un dispositif où l’on attend passivement des solutions de l’accompagnateur. L’engagement est fondamental. Il fonde la relation entre le jeune et sa Mission Locale autour de deux grands principes :

  • L’engagement du jeune : être acteur de sa démarche d’insertion, respecter les étapes validées ensemble, s’investir dans les actions définies avec le conseiller.
  • L’engagement de la Mission Locale : proposer un accompagnement personnalisé, mobiliser des moyens adaptés, et soutenir durablement le jeune dans ses démarches, même en cas de difficultés.

Au cœur du contrat, la notion de co-responsabilité : pas de parcours figé, mais une construction progressive et souple selon l’évolution du projet.


Les engagements formalisés dans le contrat PACEA

Dès l’élaboration du PACEA, les engagements sont formalisés par écrit dans le “contrat”. Ce document, signé par le jeune et la Mission Locale, définit :

  • Les objectifs du parcours (emploi, formation, accès à l’autonomie, etc.).
  • Les étapes prévues pour atteindre ces objectifs (démarches à réaliser, ateliers à suivre, rencontres de professionnels, etc.).
  • Les droits et devoirs de chacune des parties tout au long de la durée du contrat.

Quels engagements pour le/la jeune ?

  • Participer activement à son accompagnement (rendez-vous, ateliers, entretiens).
  • Répondre aux sollicitations de son conseiller.
  • Informer la Mission Locale de tout changement de situation (déménagement, changement de statut, etc.).
  • S’impliquer dans les actions déterminées : recherches d’emploi, stages, formations, bilans, MRS, etc.
  • Se conformer au calendrier des jalons fixés lors de la signature du PACEA.

Un non-respect répété de ces engagements peut amener la Mission Locale à suspendre temporairement (voire à mettre fin) au parcours, notamment si les explications avancées ne sont pas jugées suffisantes.

Quels engagements pour la Mission Locale ?

  • Désigner un référent unique qui suivra le jeune sur toute la durée du parcours.
  • Proposer des actions concrètes, adaptées et régulières pour faire progresser le jeune.
  • Garantir l’accès à l’information sur les aides existantes, la formation, ou les offres d’emploi.
  • Faciliter l’accès aux droits, à la santé, au logement si besoin.
  • Orienter vers des partenaires lorsque la problématique sort du champ d’expertise de la Mission Locale (addictions, logement d’urgence, dispositifs handicap, etc.).

Chaque engagement est défini au cas par cas : il ne s’agit pas de suivre un parcours standardisé, mais bien d’adapter les étapes à la réalité du jeune.


Le cadre des droits et devoirs dans le PACEA

Le PACEA confère au jeune un cadre sécurisant, mais aussi des droits. Certains points méritent d’être explicités :

  • Confidentialité : Toutes les informations communiquées à la Mission Locale sont confidentielles, sauf dérogation prévue par la loi.
  • Re-négociation possible : Le jeune peut, à chaque étape, demander la révision des engagements ou des objectifs en fonction de son évolution.
  • Accès à une allocation possible : Sous conditions, une “allocation PACEA” peut être versée pour lever certains freins (mobilité, accès à la formation…). Son obtention dépend du respect des engagements définis au contrat.

À noter : L’allocation PACEA est plafonnée à un maximum de 497,01 € par mois (chiffres 2024, source : Légifrance) et n'est pas systématique. Elle dépend de la situation personnelle, de l'absence de ressources suffisantes, et d’un engagement actif dans le parcours.


Points clefs à surveiller lors de la signature du PACEA

  • Le contrat PACEA n’est pas limité en nombre de signatures pour un même jeune (dans la limite de l’âge éligible), mais il ne peut y avoir qu’un PACEA en cours à la fois.
  • Sa durée n’est pas strictement encadrée : elle dépend de la progression du jeune et peut parfois s’étaler sur plusieurs années, par séquences renouvelables de 4 mois à 24 mois maximum.
  • Le contrat peut être suspendu temporairement (ex : stage long, retour en formation qualifiante, reprise d’un emploi de plusieurs mois).
  • La fin du contrat peut intervenir dès lors que l’objectif fixé est atteint (accès à l’emploi durable, reprise d’études…), ou sur demande motivée du jeune ou de la Mission Locale.

Pour les professionnels, il est bon de savoir que la logique du PACEA s’oppose à une approche “sanctionnante” : la Mission Locale cherche à comprendre l’origine d’éventuels désengagements (difficultés personnelles, santé, incompréhension des objectifs...), afin d’ajuster le parcours plutôt que de “radiquer” brutalement le jeune du suivi.


Le rôle de l’accompagnement individualisé : étude de cas et chiffres récents

L’accompagnement dans le cadre du PACEA s’adapte à chaque jeune. Selon une étude nationale publiée en 2023 par l’UNML (Union Nationale des Missions Locales), plus de 60 % des jeunes suivis dans le dispositif réalisent à minima deux entretiens personnalisés par mois au début du parcours. Ce suivi rapproché est essentiel pour réajuster les engagements autant que nécessaire.

3 situations typiques peuvent illustrer les réalités terrain :

  • Jeune diplômé mais sans réseau local : Le PACEA va cibler l’accompagnement sur la prospection ciblée d’entreprises, la préparation à l’entretien d’embauche, et pourra prévoir une allocation pour financer les trajets quotidiens ou une formation d’anglais adaptée.
  • Jeune déscolarisé, sans qualification : Les engagements porteront sur la découverte des métiers, la participation à des ateliers de remobilisation, l’aide à la validation des savoirs de base, et la structuration progressive du projet.
  • Jeune en situation de rupture familiale : La Mission Locale pourra mobiliser des partenaires sociaux pour sécuriser le logement, apporter un soutien psychologique, et intégrer progressivement le jeune à une dynamique de projet réaliste.

Dans tous les cas, l’engagement principal reste de ne jamais rien entreprendre dans le dos du jeune : chaque action supposée l’impliquer doit être expliquée, validée, et bien souvent co-construite avec lui.


PACEA, accompagnement renforcé, et liens avec d’autres dispositifs

Le PACEA peut être une porte d’entrée vers d’autres dispositifs renforcés : Garantie Jeunes (devenue depuis mars 2022 une brique du dispositif "Contrat d’Engagement Jeune"), Service Civique, SIEG, etc. Dans la majorité des cas, c’est à partir du bilan du jeune établi dans le PACEA que la Mission Locale préconise ou non l’accès à ces solutions plus spécifiques.

Par exemple, en 2022, 41 % des jeunes bénéficiaires du PACEA sont passés à un moment donné par un autre dispositif d’accompagnement renforcé (source : UNML). Cela montre que le PACEA peut aussi servir de tremplin, plus que de simple suivi “de surface”.


L’essentiel à garder à l’esprit pour réussir son PACEA

  • Le contrat PACEA formalise une relation d’accompagnement basée sur la confiance et la co-construction.
  • L’engagement demandé n’est pas un “engagement à réussir du premier coup”, mais un engagement à agir, à dialoguer, à signaler chacune de ses difficultés ou de ses réussites.
  • Participer activement n’interdit jamais d’expliquer ses blocages : le conseiller est là pour ajuster le parcours, pas pour juger.
  • Respecter son engagement, c’est avant tout se respecter soi-même, en s’autorisant à avancer à son rythme tout en saisissant les opportunités d’aide et de progression proposées.

Ce dispositif, souvent jugé exigeant sur le plan de l’implication personnelle, peut représenter une chance déterminante pour éviter l’isolement, bénéficier du soutien d’un réseau professionnel, poser les bases solides d’un projet d’avenir ou même, tout simplement, retrouver confiance en ses propres capacités d’action.

Pour aller plus loin ou obtenir une information actualisée, le réseau des Missions Locales (Mission Locale - Le PACEA) et les sites institutionnels du service public (Service Public : PACEA) proposent des ressources claires. Il ne faut pas hésiter à s’y référer ou à échanger directement avec son conseiller de Mission Locale pour personnaliser au maximum son parcours.


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